Ces événements se passent en 2008, après l’épisode Blood Money. Hitman est encore tueur à gages à l’Agence, et compte bien le rester.
Introduction
640509-040147. Certaines personnes pensent à un simple numéro, d’autres font le rapport avec un code barre. Dans tous les cas, ce nombre ne leur dit absolument rien. Dans certains milieux on connaît bien ce numéro, celui de la mort en direct, fraîchement payé, sans aucun risque que les autorités remontent à la trace du commanditaire. C’est un nombre utile pour une personne qui a de l’argent et beaucoup d’ennemis, et l’Agence se fait toujours une joie de recevoir de nouveaux clients. Code 47 devient très prisé, presque trop. Ce n’est pas bon pour un homme censé rester dans l’ombre, surtout reconnaissable avec un code barre sur la nuque. Mais Hitman, l’assassin silencieux, est loin d’être naïf. Ses ennemis sont partout, il n’a plus confiance en personne, et si on s’en prend à lui, il vaut mieux se préparer à le recevoir.
L’homme ayant une corde à piano autour du cou en ce moment n’a même pas vu son agresseur. Il a juste senti le contact brutal de la corde sur sa gorge avant de mourir quelques secondes plus tard. Hitman est un professionnel, ses victimes peuvent encore s’estimer heureuses de mourir rapidement. Le tueur retira la corde, et le corps du vieil homme tomba sur son fauteuil, inerte, devant une télévision qui diffusait une sitcom. La pièce était plongée dans le noir, seule la télévision illuminait le visage impassible de Code 47 qui rangea son arme, et le cadavre assis dans le fauteuil. Hitman observa les environs, personne ne l’avait vu. D’un pas sec, il tourna les talons et repartit, traversa rapidement l’appartement plongé dans la pénombre et sortit dans le couloir, éclairé faiblement par une lampe à nu. Il n’y avait personne, tant mieux. L’agent emprunta les escaliers de l’immeuble. Les murs étaeint sales et humides, le sol craquait et le plafond était en mauvais état. La cible s’appelait James Crooney, 52 ans, trafiquant de drogue notoire qui vendait de la cocaïne et de l’ecstasy aux jeunes du quartier. Hitman n’avait pas touché à la drogue, ce n’était pas son boulot, et d’ailleurs il n’y avait aucune prime. Le commanditaire, c’était l’association de femmes au foyer du quartier, qui en avaient assez de voir leurs enfants basculer dans la drogue. Tout cela était risible pour Hitman, il pouvait en finir rapidement avec n’importe qui grâce à sa corde à piano ou son Silverballer à silencieux, installé confortablement dans un holster sous son costar Armani. Il ne savait pas d’ailleurs précisément qui avait ordonné la mort de Crooney, son travail c’était de tuer, pas de se poser de questions. Il avait fait l’erreur de se faire un ami en Sicile, le père Vittorio, et de tenter de changer… et Code 47 ne refaisait pas deux fois les mêmes erreurs. Il sortit de l’immeuble calmement et jeta un coup d’œil à l’appartement de Crooney situé en hauteur. Quelques lueurs exaltaient des fenêtres, mais on ne voyait pas son corps, et d’ailleurs personne n’aurait l’idée de venir l’espionner, sauf peut-être la DEA, mais c’était peu probable. Il n’y avait pas de foule dans la rue, ce n’était que la banlieue de Detroit, et il était dix heures du soir, quiconque sortait dans la rue avait une chance sur deux de tomber sur un gang, mais ce n’était pas ce qui faisait peur à Hitman, qui emprunta une ruelle sale et ténébreuse. D’ailleurs quand un jeune avec une chemise et un bonnet se posta devant lui l’air menaçant, il ne broncha pas. Il entendit des bruits de pas derrière lui, on l’encerclait. Il est vrai qu’il n’était pas malin de prendre comme chemin une petite ruelle abandonnée, mais lui aussi préférait la discrétion.
-Regardez qui voilà, lança le jeune homme au bonnet. Un raciste à la con, un p’tit néo-nazi qui croit pouvoir sortir de notre territoire en vie !
Hitman eut envie de rire, mais il ne savait pas rire. Il regarda encore une fois le jeune des pieds à la tête. Il avait un couteau caché dans sa poche et il voyait la crosse d’un pistolet sortir de son dos. Il entendit les autres derrière lui se rapprocher, et un couteau se déployer. A l’évidence, ils le prenaient pour un skinhead, et dans une ville où la moitié des gens sont de couleur, il y avait de fortes chances pour qu’un homme normal se fasse dépecer sur place face à eux. Mais Hitman n’était pas un homme normal. Et bien que le jeune voyou qui lui faisait face était Blanc, ce ne devait pas être le cas des autres dans son dos.
-On va te faire une offre, dit-il. Si tu nous files ton costar et que tu rentres chez toi à poil, on te laisse en vie.
Il entendit des rires gras dans son dos, et répliqua d’une voix d’un calme surnaturel :
-Une offre… je ne reçois pas d’offre si je n’ai pas de cible précise, ni d’argent.
-En plus monsieur en profite pour faire de l’humour les gars !
Hitman ne cilla pas. Il devait bien y avoir quatre hommes derrière lui, peut-être plus, dans la pénombre de la ruelle.
-Alors je refuse votre offre.
-Je vois ça… dit-il en empoignant la crosse de son arme.
Il n’eut pas le temps de faire un geste de plus. D’un bref mouvement, Hitman plongea sa main dans son holster, sortit précipitamment le Silverballer et exécuta le voyou avant qu’il n’ait pu dégainer. Le pistolet émit un sifflement et il tomba violemment en arrière, un impact bien visible entre les deux yeux, la douille virevoltant dans les airs dans un rythme mortel. Avant qu’il n’ait pu toucher le sol, Hitman s’était retourné et avait tiré deux balles dans le dos de l’un des autres voyous qui était en train de s’enfuir. Celui-ci tomba dans une flaque d’eau sale qui devint rapidement rouge, les membres continuant légèrement de trembler. Il laissa les autres partir en courant, regardant leurs ombres s’évanouir dans les ruelles étroites de la banlieue. Hitman baissa son arme qui fumait encore légèrement. Il la rangea à l’intérieur de son Armani avec le plus grand calme et enjamba le corps du malfrat blanc avant de sortir de la ruelle. Il avait pris un peu de retard, mais cela ne changeait rien.
Il entra dans la berline noire aux vitres teintées quinze minutes plus tard, et s’assit sur la banquette en cuir. Il était sur le siège arrière, le chauffeur portait une casquette de base-ball qui lui tombait sur les yeux et était habillé de cuir. Il se retourna vers lui.
-C’est fait ?
-Oui, personne ne m’a vu, mort étranglé.
Le chauffeur hocha la tête, sortit une enveloppe de sous son siège, et la tendit à Code 47.
-Vingt mille dollars, comme prévu.
-Je sais, c’était facile, répliqua 47 en empoignant l’enveloppe et vérifiant les liasses de billets. J’ai aussi dû abattre deux voyous, ils étaient sur mon chemin. D’autres se sont enfuis, mais ça ne devrait pas poser de problèmes.
-Je vois, dit le chauffeur en hochant la tête. Ca fera ça de boulot en moins pour la police de Detroit.
Hitman s’apprêta à ressortir quand le chauffeur lui prit le bras pour l’en empêcher. Hitman lui lança son regard habituel de tueur, froid, implacable, impassible et le chauffeur retira sa main.
-Qu’est-ce qu’il y a ?
-Un autre contrat.
47 leva un sourcil, puis referma doucement la portière qu’il avait entrouverte.
-Déjà ?
-Oui, vous devenez de plus en plus sollicité.
-‘Pas bon pour ma sécurité.
-Je sais, mais là c’est du gros. Deux millions de dollars.
-Qui est la cible ? demanda Code 47 sans réagir.
-Un ex-agent du KGB, Ivan Gregorovitch, 40 ans. Il était encore jeune à l’effondrement du bloc communiste et en a profité pour escroquer toutes les sociétés possibles qui vouaient un culte sans bornes à Lénine. Maintenant l’une d’elle veut récupérer son fric, qui entre-temps a, bien sûr, largement évolué avec les intérêts.
-Je vois, on veut que je récupère l’argent ?
-Non, elle s’en chargera de la même manière que lui, mais ils veulent une mort discrète. Pas de balles, pas de traces de lutte, rien que les flics ne pourraient voir au premier coup d’œil. Sinon le contrat se montera seulement à cinquante mille dollars.
-D’accord… je peux avoir d’autres infos ?
-Bien sûr.
Le chauffeur sortit encore une enveloppe de sous le siège et la présenta à l’agent. Il l’ouvrit et observa les photos, il lirait le reste plus tard.
-Je vous amène directement à l’aéroport, un jet de l’Agence vous attend. Vous allez à Moscou !
Hitman soupira et rangea les enveloppes dans sa veste. La voiture démarra et partit en trombe vers l’aéroport de Detroit.
dimanche 18 novembre 2007
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