mardi 20 novembre 2007

Chapitre VIII: Cavale colombienne

Il était maintenant temps de passer à l’action. Lyndon Myster était en train de ranger ses affaires, et le flot de spectateurs se levait et partait vers la sortie de la pièce. Hitman se mit calmement debout, son attention toujours portée avec finesse sur Petersen, et son étrange garde du corps, Lenny James. Celui-ci avait l’air d’avoir totalement oublié Code 47, mais le tueur savait bien qu’il le soupçonnait toujours d’être dans le coin. Il avait fait la grandissime erreur de se faire repérer dans le hall de l’hôtel, il faudrait désormais en accepter les conséquences. Le pistolet à silencieux était toujours sous le costume Armani de l’assassin silencieux, qui glissa furtivement sa main à l’intérieur pour décrocher le bouton du holster et permettre ainsi de sortir l’arme à tout moment. Il suivit calmement les deux hommes le long de la rangée de sièges, puis dans le hall, et jusqu’au premier étage où, dans une petite pièce agréablement éclairée par de grandes fenêtres pourvues de rideaux en soie bordeaux, se tenait un petit apéritif. Pour ne pas paraître en reste, 47 prit dans sa main une flûte de champagne, sans pour autant le consommer, et partit observer les rues de la capitale écossaises à travers une fenêtre, guettant néanmoins sa cible dans le reflet de la vitre. Il parlait encore avec Lenny James, et il semblait ne pas vouloir s’arrêter. Hitman n’était pas un professionnel en la matière, mais il arrivait à comprendre quelque peu ses paroles en lisant sur ses lèvres. Ils parlaient d’un trafic, d’une cargaison, et d’une arrestation. Le whisky de Beldingford ? Possible, si c’était le cas, alors celui-ci avait bien fait de faire appel à ses services, bien que ce ne fût pas de la meilleure manière possible. Un homme s’approcha de lui, en se présentant comme un investisseur pétrolier. 47 était asocial à souhait, mais il dut se forcer à ne pas user de son regard de tueur et se présenta comme Bradley Kyle, promoteur immobilier. Durant cinq minutes, il l’écouta parler de la crise pétrolière en orient et ailleurs dans le monde, la bouche sèche, la mâchoire serrée, ses doigts crispés dans sa poche, résistants à l’envie de descendre cet individu qui l’ennuyait tant. Heureusement, après cinq minutes, Petersen sortit de la salle, bien que toujours suivi par Lenny James. Bradley Kyle s’excusa auprès de son interlocuteur et sortit de la pièce, versant à la première occasion le champagne dans une plante verte et mettant le verre vide sur un plateau de service qui traînait dans un couloir. Sa cible était au bout du couloir et tournait à un angle. Hitman s’approcha calmement et se plaqua contre le mur, tendant l’oreille. Petersen et le traqueur de l’assassin silencieux parlaient à voix basse. Soudain, les paroles s’arrêtèrent et 47 entendit des pas feutrés se rapprocher de lui, il était repéré. Il se tourna vers la première porte à disposition et abaissa la poignée : la porte resta fermée, évidemment. Il sortit rapidement son passe-partout, l’enfonça dans la serrure et la crocheta le plus rapidement possible, mais il tremblait fortement. Lenny James continuait de s’approcher silencieusement de l’angle du mur pour vérifier que 47 n’était pas là, et celui-ci faisait tourner rapidement ses outils dans la serrure, qui ne semblait pas vouloir céder. Les bruits de pas s’intensifièrent, plus rapidement et plus proches, tout comme ceux des bouts de métal glissant dans la poignée de la porte. Si 47 était repéré maintenant, il devrait faire feu sur James qui n’était pas sa cible, et d’un certain côté, même si cela pourrait l’aider, Interpol ne serait que plus féroce envers lui. D’un coup sec, alors qu’un crochet soutenait un bout de métal à l’intérieur de la serrure, un autre tourna rapidement le verrou pour lui permettre de s’ouvrir et, au moment où Lenny James tournait à l’angle du couloir, la porte de la chambre où s’était caché 47 se referma. Celui-ci s’appuya contre le bois de la porte et respira un grand coup, il faudra désormais se montrer prudent. Il entendit un homme chanter la Traviata alors que le bruit des douches résonnait dans la chambre d’hôtel. L’eau tombant avec force, dégoulinant sur un visage en furie, une arme pointée dans son dos.
-Alors c’est toi, le tueur de Fournier, fit Lenny James avec une voix neutre.
Il s’était mis à pleuvoir dans la forêt colombienne. James et Hitman étaient seuls sur le sol désormais dégoulinant et boueux. Les feuilles des arbres pliaient sous le poids des gouttes qui s’étaient soudain mises à tomber du ciel avec fracas. Le contrat Del Cosa était terminé, mais dans les détails tout pouvait désormais tourner du mauvais côté de la roue.
-On t’a engagé pour tuer Del Cosa ?
Hitman ne cilla même pas, laissant à James le seul plaisir d’observer son code barre sur sa nuque.
-Réponds !
Aucune parole ne sortit la bouche du tueur, toujours impassible.
-Qui est ton employeur ? Réponds !
Il poussa le bout du canon du fusil dans le dos de 47, et c’est ce qu’il attendait. D’un geste parfaitement préparé, Hitman tourna sur lui-même, poussant de son dos le côté du canon de l’arme, si bien que le temps que l’agent d’Interpol appuie sur la gâchette, les rafales mortelles n’eurent aucun effet. Exploitant cet instant de surprise, le tueur pris l’arme de ses deux mains, la tira en avant puis en arrière, la crosse du fusil percutant la mâchoire de Lenny James de plein fouet. Du sang coulant sur sa bouche, ses mains lâchèrent la mitraillette dans un grognement, Hitman s’en saisit et lui donna un deuxième coup de crosse qui le fit tomber à terre, les yeux mis clos. Ne perdant pas une seconde ni même pour observer que son adversaire était bien évanoui, le tueur se remit aussitôt en route, bien que les détonations qui avaient dû alerter l’armée et le Delta Force rendraient l’extraction très difficile. Toujours en courant à perdre haleine à travers la pluie et le brouillard, sautant par-dessus branches et troncs renversés, 47 sortit le chargeur de l’arme, le jeta dans une direction et fit de même avec le fusil de l’autre, puis ressortit ses Colts .45, fit tomber les chargeurs vides dans l’herbe dégoulinante et en sortit deux autres d’une poche externe qu’il enfonça rapidement dans les crosses, et les remit en place dans leurs holsters initiaux sous ses aisselles pour finir. Il continua de courir ainsi, épuisé, sous la pluie qui lui martelait le visage et le corps, son camouflage était mouillé de fond en comble et de la buée sortait désormais à chacun de ses souffles éphémères. Il n’était plus très loin, il pouvait même entendre les pales de l’hélicoptère d’ici, dans quelques minutes tout serait fini. C’est du moins ce qu’il pensait quand, en sortant de la forêt et débarquant dans la clairière, il vit que celle-ci était déjà occupée par huit jeeps de l’armée colombienne. Il se stoppa net, tous les soldats se tournant vers lui, intrigués d’abord, puis criant des ordres et mettant leurs fusils à l’épaule. Il n’était plus question de faire dans la finesse, désormais la seule issue était la mort, et la mort uniquement, brutale et vitale. Alors que le premier soldat avait pressé la détente de son arme, les deux Silverballers de Hitman étaient déjà entre ses mains. Alors que le deuxième soldat avait pressé la détente de son arme, il enlevait la sécurité. Alors que le troisième soldat avait pressé la détente de son arme, il sautait de côté tout en visant ses cibles. Le quatrième soldat n’eut pas le temps d’appuyer sur la détente de son arme et fut projeté en arrière, comme attiré par un câble invisible. 47 tomba dans l’herbe en continuant de faire feu, et se mit à rouler sur lui-même, déversant les balles sur les soldats colombiens qui s’écroulaient comme des masses, du sang volant autour d’eux et éclaboussant leurs vêtements. Il n’osa pas compter combien de victimes il avait déjà fait, éjecta les deux chargeurs de son arme qui tombèrent en fumant dans l’herbe froide, et en remit rapidement deux autres tout en se remettant debout. Il tourna rapidement sur lui-même, ses pistolets droits et prêts à tirer, quand le bruit du moteur de la jeep qui lui fonçait dessus l’obligea à sauter sur le côté au dernier moment. Sa main effleura la surface du pneu, il sentit le souffle provoqué par le passage du véhicule qui freina et fit un demi-tour, bien que difficilement sur le sol humide. Autour de lui, on continuait à tirer de toutes parts, il fallait rester mobile. 47, même à bout de souffle, pris ses jambes et courut vers la jeep. De sa main droite, il leva un de ses Silverballers et tira deux balles dans la tête du chauffeur, qui s’affaissa sur son siège, la vitre éclaboussée de son sang ; de sa main gauche, il glissa son arme sous son épaule et fit feu sur les ennemis qui se trouvaient dans son dos. Ca lui était égal qu’il n’en ait aucun, l’important était que lui ne soit pas touché. Sentant que la culasse de son pistolet était mise en arrière, ce qui traduisait le manque de munitions, il rangea rapidement ses armes dans ses holsters et ouvrit brutalement la porte de la jeep, laissant le corps du chauffeur tomber dans l’herbe humide de la clairière. Il prit rapidement sa place, espérant atteindre l’hélicoptère plus rapidement. Le pilote de celui-ci, ayant eu peur à cause des tirs ou ayant profité de l’agitation pour fuir, avait fait décoller l’appareil, qui se trouvait à quelques mètres au-dessus du sol et semblait déjà vouloir quitter la zone. Hitman écrasa le pied de l’accélérateur et tira trois coups de semonces, mais le pilote partait dans le sens opposé, c’était un trouillard, et Hitman se promit de lui en coller une en arrivant dans l’appareil, s’il y arriverait. Les pneus qui avaient failli le réduire en bouillie patinèrent dans le sol, puis la jeep démarra dans une secousse. 47 fit rapidement avancer les vitesses. Il se rapprochait de l’endroit où les derniers soldats continuaient de tirer, et baissa instinctivement la tête. Le pare-brise fut complètement explosé par les tirs des soldats colombiens, ce qui n’était pas pire étant donné que celui-ci était entièrement tâché de sang, réduisant la visibilité au degré zéro. Il dépassa rapidement les sept autres jeeps qui étaient parquées auparavant autour de l’hélicoptère, et vida le reste de son chargeur sur l’attroupement de soldats d’un œil vif, délaissant la route durant quelques instants. Deux tombèrent ; un seul continua de tirer. Avant que les autres n’aient ce réflexe, 47 était déjà reparti à la poursuite de l’hélicoptère qui s’était éloigné de la clairière. La pluie s’était arrêtée, mais la brume était encore présente… la brume, épaisse et oppressante.
-Mais… qu’est-ce que vous faites ici ?!
L’homme était assez gros, les cheveux gris, enveloppé dans une serviette de bain. Il regardait incrédule l’assassin silencieux encore appuyé le dos à sa porte, entouré de restes de vapeur.
-Hum… je fais partie du service Morphée.
-Le service Morphée ? Mais qui êtes-vous en plus ! C’est une blague ou qu…
Le portemanteau que 47 venait d’empoigner lui percuta violemment la tempe droite et il s’écroula aussitôt, les yeux fermés, au beau milieu du couloir. Hitman reposa calmement le portemanteau à son endroit initial.
-Fais de beaux rêves dans les bras de Morphée, répliqua le tueur comme s’il s’agissait d’une voix dans une publicité de seconde zone.
Il lui fallait maintenant trouver Petersen. Ses quelques instants d’inattention au cœur de la jungle colombienne lui avaient peut-être fait perdre la trace de sa cible. Il sortit furtivement dans le couloir, referma la porte avec précaution et se colla au coin de mur d’où Lenny James avait failli le repérer. Ils n’étaient plus là. De manière toute à fait naturelle, il avança dans le couloir, prêtant l’oreille à chaque bruit. Il devait y avoir au moins deux autres personnes qui prenaient leur douche, quatre personnes écoutant les infos, un couple en train de faire de voluptueuses galipettes, une homme qui ronflait fort et un autre qui faisait quasiment autant de bruit en mangeant. Petersen n’était pas dans le couloir, ou alors n’importe où dans l’une de ces chambres, du moins c’était peu probable. Si Lenny James le protégeait, il ne prendrait jamais le risque de le laisser ici. Ils devaient déjà être dehors, mais pas par la sortie principale, par une sortie secondaire. Aussitôt, il se mit à courir, suivant le plan qu’il avait mémorisé dans le hall de l’hôtel, à cet endroit précis. Il bouscula au passage un élégant homme d’affaire et un serveur qui laissa tomber son plateau, mais ne s’excusa pas et se rua sur la porte de sortie. Petersen, avec son costume quadrillé, était déjà en train de s’enfuir, et Lenny James avait dégainé un pistolet à silencieux en direction de l’assassin silencieux.
-Je savais que je retrouverais ta trace !
L’hélicoptère s’éloignait de plus en plus.
47 roulait désormais fébrilement sur une corniche en pierre mais à moitié boueuse. La forêt se trouvait, toujours aussi dense, en amont à sa gauche, et à sa droite, l’océan Pacifique, dont les vagues s’écrasaient avec fracas contre les rochers. Étrangement, l’hélicoptère n’était pas parti vers la mer, mais longeait la côte, ce qui prouvait à Hitman que le pilote avait toujours en tête de venir le chercher. Soudain, une balle explosa le pneu de secours de la jeep, et 47 ne fut pas surpris en voyant trois jeeps qui étaient à ses trousses, qui devaient être suivies par les quatre autres derrière. Mieux valait s’en débarrasser avant d’arriver à l’hélicoptère. Il enleva avec précaution une main du volant, sortit l’un de ses Silverballers et le jeta sur le siège passager, puis, toujours avec la même main, pris un chargeur dans une poche. Il fallait faire vite, car bien que les tirs qui provenaient des voitures derrière lui étaient peu précis, une balle qui perfore un pneu peut autant bien perforer un crâne. Rapidement, il enleva l’autre main du volant et le stabilisa avec ses genoux, fit tomber le chargeur vide, mit le chargeur dans la crosse du pistolet avec aisance et tira la culasse en arrière. Puis il remit sa main sur le volant alors que la voiture tanguait, tourna la tête vers l’arrière, après avoir bien vérifié que la corniche était dégagée et, la main bien tendue, tira deux coups vers une jeep. Le premier tir brisa le phare, le deuxième la tête du conducteur, par l’intermédiaire du pare-brise qui se fissura en une irrégulière toile d’araignée. Le visage du pauvre homme tomba sur le volant, inerte, et la voiture s’immobilisa au milieu du passage, forçant les autres véhicules à la contourner. En voilà déjà une de faite… mais la suivante se montrait bien plus coriace, et bien que le conducteur ne soit pas armé, ses prouesses au volant étaient indéniables. Prenant le véhicule de 47 depuis le côté forêt, il percuta la carrosserie de sa jeep. Celui-ci perdit momentanément le contrôle, mais remit sa voiture en position, quand un deuxième coup fit légèrement lever les roues du côté gauche et failli le faire basculer dans les eaux du Pacifique. La carrosserie de la voiture était désormais bosselée, et Hitman avait du mal à rester concentré en étant sans cesse secoué. Le troisième essai fut le bon… mais pas pour le soldat colombien. Alors qu’il s’apprêtait à nouveau à percuter la jeep du tueur, celui-ci freina brusquement, laissant de lourdes marques dans la pierre, puis remit les gaz, mais il était déjà trop tard pour son ennemi. Ne pouvant pas freiner à temps, la jeep avait fait un aller simple vers l’océan. Le pilote poussa un cri d’horreur, mais le véhicule, qui entraîna avec lui une nuée de poussière, le fit taire en s’écrasant contre un rocher avant de s’enfoncer lourdement dans l’onde déchaînée. Profitant, avec son freinage, d’être à la hauteur d’un autre véhicule, 47 dégaina à nouveau son Silverballer, mais tira cette fois-ci dans le réservoir d’essence. Ecrasant encore une fois la pédale des freins, il profita du même instant pour tirer l’ultime cartouche dans le réservoir. Deux jeeps le dépassèrent sans comprendre, jusqu’à ce qu’une boule de feu les ravage complètement. L’arrière du véhicule vola littéralement en éclats, projetant de toutes part des milliers de pièces de métal ardentes ; le conducteur et le passager furent tués sur le coup, et la jeep fit une embardée en avant, ses pneus ne touchant terre. Le pare-chocs avant percuta le sol de plein fouet, puis la voiture rebondit et fit de nombreux tonneaux, toujours embrasée, faisant voler la terre en tous sens, avant de (*)s’immobiliser sur le bord de la corniche, l’arrière du véhicule totalement consumé, une épaisse fumée noire commençant à monter au ciel qui s’était pourtant éclairci. Les deux autres jeeps qui avaient dépassé Hitman n’eurent pas plus de chance. L’une d’elle eut le pare-brise soufflé par l’explosion et le capot se releva sous la puissance de l’impulsion. Le conducteur, aveuglé par la forte lumière et le capot qui lui bouchait la vue, heurta de plein fouet un arbre à la lisière de la forêt. Le moteur fut complètement embouti et le pilote, qui n’avait pas mis sa ceinture de sécurité, s’écrasa contre le volant, peut-être de manière fatale. L’autre jeep, la plus proche, fut carrément soulevée de terre par l’explosion. Elle fit plusieurs tonneaux vers l’arrière que Hitman réussit à éviter de justesse, ce qui n’était pas le cas d’un autre véhicule qui le suivait et qui s’emboutit lourdement contre dans un terrible bruissement de tôle. Malheureusement, l’un des conducteurs semblait conduire tout autant bien que 47, et évita également le choc mortel. En jetant un coup d’œil, il le reconnut rapidement et comprit rapidement pourquoi il était aussi tenace, c’était Lenny James. Il décida d’en finir avec cet importun, et reprit son pistolet d’une main. James ne le voyait pas cet œil et percuta à son tour le côté de la jeep de l’assassin silencieux, et le pistolet tomba sur la corniche. L’hélicoptère était tout proche à présent, dans une autre clairière à moins de 200 mètres, qui l’attendait au ras du sol. Le tout était de survivre à Lenny « le molosse » James durant encore 200 mètres… Au deuxième coup, la jeep de 47 fut poussée si fort près du ravin que les pneus du côté droit firent tomber de petits rochers et du gravier dans les vagues qui s’écrasaient encore aux pieds de la corniche. Hitman reprit rapidement le contrôle, et écrasa la pédale d’accélération. Lenny James, qui pensait anticiper son mouvement, le même que celui dont il s’était servi pour envoyer la première jeep dans le vide, avait freiné quelques mètres avant, et fut pris au dépourvu. 47 avait déjà remis les gaz, et avait laissé son adversaire bien trop loin derrière lui. La jeep de Hitman avait déjà pénétré dans la clairière et le tueur avait, d’un élégant bond, sauté vers l’hélicoptère et s’était accroché à son pied. La voiture s’était arrêtée au milieu des hautes herbes, tout comme celle de James, qui cria avec hargne à l’adresse de 47 alors que celui-ci ouvrait la porte de son nouveau moyen de transport :
-Je retrouverai ta trace !
Hitman effectua une roulade juste assez rapidement pour éviter le premier tir de Lenny James qui perfora un carreau d’une vitre. Il était maintenant assez proche de James pour éjecter son pistolet de sa main d’un puissant coup de poing et le pousser violemment dehors de l’épaule. James s’écroula dans la ruelle, inerte, sa tête ayant frappé contre un mur. L’assassin le regarda un instant, pensant à s’en débarrasser une bonne fois pour toutes. Mais ce n’était pas sa cible, ce n’était pas sa mission, et il ne tenait pas à créer des problèmes supplémentaires, et tuer un ennemi potentiel dans son sommeil n’était pas dans ses habitudes, ce n’était pas une cible…
47 regarda rapidement dans toutes les directions. Petersen n’était plus là, il s’était enfui. Soudain, un détail fit déclic dans le cerveau du tueur. Non… c’était une ruse, la personne qui était sortie avant Lenny James n’était pas Petersen, celui-ci portait un costume avec des rayures alors que la personne qui était sortie avait un costume quadrillé. James avait dû le payer pour ce subterfuge… Il devait s’être rendu au parking de l’hôtel, c’était ce qu’il y avait de plus logique. Même si l’agent d’Interpol avait prévu autre chose, c’était pour l’instant la seule piste valable, et sûrement la plus juste. Il n’y avait pas un instant à perdre, et il se dirigea à toute vitesse en direction de la sortie du parking… mais à peine fut-il arrivé au devant que Petersen, au volant d’une berline noire, défonça violemment la barrière de sécurité blanche et rouge, ne perdant pas de temps à la faire lever en appuyant simplement sur la commande qui le permettait. A nouveau face à un véhicule en furie, Hitman dut effectuer au dernier moment une roulade pour éviter son agresseur. Il se retourna rapidement et tira trois coups dans la vitre arrière de la voiture, mais sans succès. Petersen partait vers le sud. 47 se mit à courir à perdre haleine dans la ruelle, puis courut vers le parking, non pas celui de l’hôtel, mais celui où son contact l’attendait. Il arriva essoufflé près de la voiture, ouvrit brutalement la portière et poussa le chauffeur sur la banquette passager.
-Alors, c’est fait ? demanda celui-ci.
-Presque… fit Hitman en embrayant la voiture.
-Comment ça presque ?
-Encore un petit détail à régler…Il fit rapidement marche arrière, puis s’incrusta dans la circulation à la recherche de Petersen.

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