vendredi 22 février 2008

Chapitre XIV: SWAT Team

-Ici l’unité 2, nous avons la cible en visuel… sur un balcon… attendons instructions.
L’hélicoptère avait fini de survoler l’immeuble, et on venait de repérer l’homme. Tueur à gages selon l’avis de recherche. Dans l’équipe, certains disaient qu’il avait couvert sa propre mort quelques années auparavant pour continuer son métier. Jefferson, le chef de l’unité 2, n’en avait pas vraiment souci. Pour lui, c’était une cible, une simple cible. Il fallait le chasser, et l’attraper. Il aurait certainement vomi ou aurait jeté son uniforme à terre en sachant que l’assassin agissait selon les mêmes règles, sauf que celui-ci finissait son travail par la sentence fatale. Jefferson préférait ses menottes à son M4, mais il fallait avouer que celui-ci était parfois bien plus utile.
-Ici central, vous avez ordre de l’intercepter.
Le pilote entendait la conversation, et finit de contourner un gratte-ciel pour repartir en direction de Code 47.
-Très bien, fit Jefferson. Vif j’imagine.
-De préférence, lui répondit la voix du central avec un petit grésillement. Mais vous êtes autorisé à tirer. Il est dangereux, d’après nos renseignements.
L’hélicoptère s’approchait de l’immeuble, quand Jefferson remarqua qu’un fusil sniper était disposé contre la barrière. Ce satané tueur semblait encore en activité, et sur un coup. Jefferson ajusta son casque et ses lunettes, puis changea le mode de tir de sa mitraillette, de sécurité vers automatique.
-Préparez les cordes ! Il semble nous avoir repéré.
Alors que le tueur laissait tomber une radio sur le sol et qu’il s’élançait à l’intérieur de l’immeuble, le chef de l’équipe attachait son harnais au système de descente en rappel de l’appareil.
-La cible vient de rentrer dans l’immeuble. Je répète : la cible vient de rentrer dans l’immeuble.
L’hélicoptère se stabilisa, et avant même que la corde qui tombait sur le toit de l’immeuble ne touchât le toit, Jefferson sautait déjà au-dehors de l’appareil, la main serrée sur sa corde en nylon. Durant ces quelques secondes où son corps était balancé le long de la corde, où le fort vent qui longeait les immeuble le frappait de plein fouet, il profita simplement de la vue sur l’Hudson River, du calme et du bleu du ciel ainsi que des jeux de miroirs des immeubles de Manhattan, reflétant la beauté de ce coin qui paraissait si tranquille.
-L’unité 1 a bloqué les ascenseurs et est en train de passer par les escaliers, informa le central alors que les pieds de Jefferson tombaient sur béton du toit avec force. Où en êtes-vous ?
-On débarque. 78e étage c’est ça ?
-Affirmatif.
Jefferson ne dit pas un mot de plus, et courut en direction des rebords. Des barrières de deux mètres de hauts empêchaient les dépressifs suicidaires à tenter l’expérience, mais ce n’était aucunement un problème pour l’unité. Les six membres de l’équipe se mirent rapidement en position sur les lieux, et accrochèrent les harnais en acier autour des sorties de la climatisation, rambardes et autres pythons installés ici on ne sait trop pourquoi. Ca n’avait pas d’importance. Jefferson fit cliqueter son harnais, vérifia son matériel et escalada la barrière, puis attendit que le reste de l’équipe ait fini. Huit secondes. Huit secondes de paix le haut d’un gratte-ciel. Le roi du monde…
-Ici central, l’unité 1 a des problèmes !
Le standardiste semblait stressé, il y avait des emmerdes. Jefferson avait entendu quelques crépitements au loin, et avait eu le secret espoir que c’étaient une télévision ou autre radio. La réalité les rattrapait : leur ennemi était on ne peut mieux entraîné.
-Ici unité 2, nous sommes prêts à descendre, dit Jefferson en adressant un coup d’œil au reste de l’équipe.
Le central ne répondit pas. Jefferson tourna la tête de chaque côté, observant ses hommes assis sur la rambarde. Il hocha la tête et tira la culasse de son M4 en arrière, avec ce bruit sec et caractéristique précédant un massacre proche, et chacun fit de même, comme dans un funeste ballet.
Il prit une dernière respiration, laissa pendre son arme dans son dos et s’élança en direction du vide.

-Nom de Dieu nous avions bien précisé à vos services de ne pas intervenir ! Vous deviez seulement nous fournir vos informations !
Lenny James connaissait bien New York. Il y avait passé un peu de temps en tant qu’agent dans les années 90, et avait probablement aidé à faire fortement baissé la moyenne de crime. La seule différence entre lui et Forthy, qui restait de marbre devait la fureur du molosse, c’était que celui-ci y allait à l’arme de service et au fusil à pompe lors de descentes, alors que l’agent d’Interpol faisait des planques de plusieurs jours pour coincer un suspect.
-Ecoutez mon gars… foutez-moi la paix, je sais faire mon boulot, lui répondit Forthy d’un ton sec.
Ils étaient au pied de l’immeuble, se dirigeant vers son large hall. Les passants regardaient avec attention le camion des Swats garé devant l’immeuble, qu’aucun policier n’avait pris la peine de déplacer. Quant à Forthy, même s’il faisait au bas mot vingt centimètres de moins que James, il n’en était que plus dur à cuire.
-Justement, NON ! Lui hurla Lenny James, lui postillonnant quasiment au visage. Ou alors vous ne savez pas lire, espèce de….
Mike, qui s’était tenu tacite jusque là, lui donna une tape sur l’épaule. James tourna son visage enragé vers lui, quand il se rendit compte que c’était juste pour le calmer. Son cou musclé se détendit soudain et il reprit d’un ton plus calme, devant un Forthy qui n’avait pas l’air intimidé le moins du monde :
-Cet homme est intelligent. Il a déjà tué des dizaines de fois à travers le monde… certains cas tiennent presque de la science-fiction. Vous avez entendu parler de Fournier, le commissaire de Paris assassiné dans une ruelle sans que personne ne s’en aperçoive avant des heures ? Ou alors Hayamoto, ce mafieux japonais qui tient presque du mythe tellement il travaille dans l’ombre ? Les exemples tiennent dans un dictionnaire, et ce n’est pas, excusez-moi, un simple flic de New York qui va lui mettre le grappin dessus aujourd’hui !
Forthy fit la grimace. Même s’il avait un mental en fer forgé, le souvenir de la mort du commandant Chanders et de l’humiliation qu’il avait vécues lui revinrent en mémoire. Mais il n’était pas du tout du genre à laisser tomber. Ç’aurait été trop facile.
-J’ai envoyé deux unités spéciales en haut, pour le prendre par surprise. Je peux vous assurer que…
Sa radio grésilla. Il cligna des yeux, lentement, inutilement, sachant pertinemment que c’était le canal réservé aux mauvaises nouvelles. James le savait aussi, et fit peser sur lui un regard réprobateur. Forthy appuya sur le bouton de la radio.
-Ici Forthy, fit-il après un silence.
-Ici central… nom de Dieu, on a perdu deux hommes !
Il lâcha le bouton de la radio, et observa Lenny James dans le fond des yeux.
-Je vous écoute. Qu’est-ce que vous proposez ?
James eut un sourire.

Toutes les vitres du 78e étage volèrent en éclat alors que les six hommes pénétraient à l’intérieur de l’appartement. Dans le même mouvement, alors que leurs pieds n’avaient pas encore touché terre et que les éclats brillants des baies vitrées virevoltaient dans l’air, ils décrochèrent leurs harnais et atterrirent au sol avec bruit, les bris de verre crissant sous leurs bottes noires. Aussitôt, leurs M4 furent levés vers le vide et l’inconnu, vers une cible potentielle qui serait rapidement transformée en passoire. Durant quelques secondes, les membres de l’unité 2 restèrent ainsi, immobiles, leurs formes découpées par la lumière du puissant soleil de juillet qui filtrait à travers ce qui restait des fenêtres et des bouts de verres qui étaient encore raccrochés aux cadres. Puis, lentement, Jefferson leva une main et fit signe à chacun de s’avancer deux par deux. Sans un bruit (sauf peut-être le verre qui crissait à nouveau sous ses pas), il commença à avancer et à vérifier les pièces. L’appartement était spacieux, et les rayons solaires faisaient briller les œuvres d’art anciennes sur les étagères et les tableaux sur les murs. Un appartement de riche… et une porte ouverte, trouée de quatre trous qui s’étendaient à l’horizontale à la hauteur des yeux. Et des tirs. Trois tirs, de pistolet, suivis rapidement par des crépitements rapides d’armes automatiques. Jefferson, son arme toujours levée devant lui, gloussa, puis fit un pas de plus et ouvrit la porte d’un grand coup de pied, alors que son coéquipier braquait inutilement ce qui aurait pu se trouver dans son encadrement. Celui-ci jeta un coup d’œil à Jefferson, lui indiquant de vérifier la droite. Rapidement, chacun sortit de l’appartement, se positionnant à genoux dans le couloir, dos à dos, visant de leur côté. Puis encore deux tirs de pistolets dans les environs, et un gémissement, suivis à nouveau de tirs de mitraillettes, dont on entendait clairement les ricochets des balles dans la cage d’escalier, contiguë à l’ascenseur.
-Ici unité 2, articula Jefferson dans son casque, en tentant de rester calme. Où est en la situation ?
Un silence. Puis…
-MERDE !!! hurla le standardiste du central. Merde, merde, merde, merde !
-Bon sang, qu’est-il arrivé à l’unité 1 ?!
Les autres membres de l’équipe avaient fini de fouiller l’appartement et sortirent de la porte, les armes pointées vers le sol, s’avançant lentement de la cage d’escalier, dont un duo en tête. Jefferson leur fit signe de ne pas s’approcher, mais les deux hommes étaient déjà en train de s’avancer.
-On vient de perdre un homme… non deux !!!
Soudain, trois autres coups de feu déchirèrent le calme moyen du couloir et le premier homme qui s’avançait vers l’escalier fut éjecté contre le mur, laissant tomber son arme au sol. Jefferson coupa net la conversation, et alors que le soldat glissait contre le mur ensanglanté et que son coéquipier commençait à tirer vers l’ennemi invisible, il sauta sur celui-ci et l’attira à terre. Juste à temps d’ailleurs, car alors que des tirs confus de son M4 faisaient voler en éclats la lampe au-dessus d’eux dans une nuée d’étincelles, le mur qui se situait derrière eux fut troué par ce qui restait de la fin du chargeur de 47, qui lança une grenade fumigène dans le couloir, puis se cacha rapidement derrière un pan de mur. Jefferson, empli d’un puissant stress, le dos en sueur et la bouche sèche, hurla un repli à travers le couloir. Alors que sa cible, qui venait de faire cliqueter son arme d’un chargeur neuf, tentait de tirer à nouveau, il leva sa mitraillette vers le mur et pressa la détente sans lâcher. Le mur fut troué verticalement dans une nuée de plâtre volant dans les airs à travers la fumée épaisse du fumigène. Les soldats avaient sorti leur masque à gaz et se repliaient dans l’appartement, tandis que Jefferson vidait son chargeur par tirs réguliers en direction du tueur, terré dans son abri. Il entra dans l’appartement, essoufflé, jeta son M4 au sol et s’écroula contre le mur. Difficilement, il prit contact avec le central :
-Je… ici… ici Jefferson. Enfin, je… je veux dire, l’uni… l’unité 2. Nous avons… avons perdu un homme.
-Ici central, compris. Des blessés.
Jefferson tourna la tête vers ses hommes qui le regardaient hébétés, debout dans l’appartement. « Des blessés ? », hurla-t-il d’une exécrable voix haute. Quatre têtes se secouèrent.
-Non, aucun.
-Où est la cible ?
Jefferson prit une grande respiration, se leva, et demanda à un de ces hommes d’aller jeter un coup d’œil. Celui-ci, prévoyant, tint sa mitraillette d’une main et tira une rafale à travers la porte, puis ouvrit celle-ci et observa le couloir avec intérêt : les portes de l’ascenseur étaient ouvertes, laissant apparaître les câbles qui pendaient dans la pénombre.
-Il vient de… pénétrer dans la cage d’ascenseur, dit-t-il d’un air étrange. En ouvrant la porte manuellement apparemment. Mais… les ascenseurs sont hors service !!!
Il était malin. Jenkins était mort ; il ne le serait pas inutilement.
-Ici central, je répète : où est la cible ?
Jefferson sortit son Glock 17 du holster de sa cuisse, tira la culasse en arrière, huma le goût du sang dans la bouche, et répliqua d’un ton qui n’avait que peu d’humain :
-Dans un aller simple vers l’Enfer.

-Monsieur… monsieur, que faites-vous ?
Aaron Dougall avait l’habitude de travailler dans son bureau sans être dérangé. Quand un bruit trop pesant ou quelque chose d’inhabituel se passait dans Manhattan, il ne pouvait s’empêcher d’aller regarder au balcon se qui se passait, délaissant son appartement à plusieurs millions de dollars pour la vue des gratte-ciel.
-Eh bien… pour tout vous dire, Edward, ce sont ces hommes qui m’intriguent.
Dougall était toujours habillé à la perfection. Un costume Armani, bleu royal, et des mocassins qui coûtaient le prix d’une voiture. Son appartement était également au top ; tables en bois de qualité importé d’Europe de l’Est, cheminée dont l’antre était gigantesque et composée de solides briques rouges, tapis de première qualité et moquette qui l’était tout autant. Les femmes de ménage passaient l’aspirateur sans rien omettre de nettoyer quand il dormait dans sa chambre, insonorisée, dans un lit moelleux et qui sentait le neuf 365 jours par an, parfois en compagnie de filles de joie de luxe. Il avait huit gardes du corps, armés de Uzi silencieux, et son maître d’hôtel, Edward, un jeune Noir qui faisait le tiers de son âge. Mais Dougall, malgré ses 74 ans, restait en pleine forme, toujours autant aigri et égoïste, dangereux et méprisant. C’était un monstre, et mieux valait lui baiser les pieds pour ne pas que ceux-ci ne vous bottent le cul de manière définitive.
-Quels hommes ?
-Bon sang, vous êtes aveugle ou quoi ? Être Noir dans cette ville et avoir grandi dans un quartier où les gens côtoient les merdes, si c’est bien différent de là où vous venez, ne vous a pas suffi ? Vous voulez encore avoir des yeux d’une qualité plus que mauvaise ? Je vous demande encore pourquoi je vous garde ici !
Edward gloussa. Dougall était en plus raciste confirmé, et maniait le verbe avec brio.
-Je parle de ces hommes qui descendent l’immeuble avec des cordes… Ils viennent de se faire déposer il y a à peine quelques instants par un hélicoptère… de la police, figurez-vous !
-Je vois monsieur… ils viennent de briser les fenêtres !
-Je l’ai vu, que croyez-vous ? Mes yeux sont encore suffisamment performants pour leur âge, contrairement aux vôtres. Et puis… que faites-vous encore ici ? Vous avez mes affaires à préparer pour notre voyage à Berlin, vous souvenez-vous ?
-Bien sûr… heu, j’y vais.
-J’espère bien.
Le regard mauvais et perçant de Dougall fut attiré vers l’étage 78, alors qu’il s’appuyait un peu plus sur la rambarde.

-Il faut en premier boucler toutes les issues, dit Lenny James en pointant du doigts le plan du rez-de-chaussée de l’immeuble. Faites installer des snipers sur les immeubles alentours, demandez aux employés d’être vigilants, de nous informer de tout comportement suspect de la part de n’importe qui, et surtout… vérifiez toutes les personnes qui sortent dans l’immeuble, et ne laissez plus rentrer personne.
-Mais vous êtes malade ! lui répondit Forthy sur un ton plus que méprisable. Dans un immeuble pareil, c’est impossible !
-Il le faudra bien, fit Lenny James en fronçant les sourcils. Il est peut-être déjà dehors…
Un autre grésillement dans la radio de Forthy. Le nombre de morts était désormais de trois.
-Bordel mais que font nos hommes ?! hurla celui-ci tellement fort que tout le monde dans le hall de l’immeuble s’arrêta pour lui jeter un regard inquiet.
-Heu… ils semblent être partis à leur poursuite, du mois l’unité 2, lui répondit le central.
-Parfait. Ordonnez à l’unité 1 de redescendre pour surveiller le périmètre, et envoyez des hommes supplémentaires pour surveiller les caméras.
-En fait, toutes les caméras de l’hôtel semblent hors service. On ne sait pas trop pourquoi…
Forthy serrait les dents, le visage écarlate, la radio craquant entre ses doigts tellement sa poigne était puissance. Lenny James, quant à lui, se demandait s’il devait les aider ou leur mettre bien en face leurs erreurs, en premier celle d’avoir fait intervenir les forces spéciales.
-Mike, va nous prendre trois cafés, fit-il en se tournant vers son jeune cadet. Et de rajouter en chuchotant : moi et ce monsieur avons à parler…
Mike hocha la tête, et tourna rapidement les talons, cherchant un distributeur de café. Lentement, James décrocha son pistolet de son holster, puis appuya sur le bouton à côté de la crosse, laissant glisser le chargeur entre ses doigts osseux.
-Je crois, dit-il avant de replacer celui-ci, plein, que nous nous comportons mal. Surtout avec cet homme qui tente de nous échapper… Mieux vaut faire équipe.
Forthy acquiesça, son regard malin aux yeux brun foncés offrant enfin un peu de lucidité.
-J’espère que votre arme est chargée, lui dit le molosse sans un sourire.

Le silence s’abattit tandis que Jefferson s’enfonçait dans les profondeurs de la cage d’ascenseur, sa main vérifiant sa vitesse, son pistolet vérifiant son chemin. Après une descente d’une vingtaine d’étage, ses pieds touchèrent enfin le toit de l’ascenseur, et il décrocha son harnais avec précaution. Le panneau supérieur était déjà enlevé, et la cabine vide. Il se laissa brutalement tomber d’une main, fixant le vide de son pistolet de l’autre, prêt à faire feu, la respiration haletante : la porte était ouverte. Il se laissa tomber avec précaution, quand un grésillement se fit entendre dans son casque.
-Unité 2, où êtes-vous ?
Jefferson observa les chiffres notés au-dessus de la porte, sans pour autant détacher son attention du bout de couloir, ses doigts tâtant lentement son arme.
-Ici Jefferson, étage 62.
-Très bien unité 2. Continuez à patrouiller, nous allons réactiver les ascenseurs pour que l’unité 1 puisse descendre.
-NON ! Surtout pas !
-Vous n’avez pas l’autorité pour empêcher un ordre direct.
-Bon sang, il se trouve ici ! À l’étage 62 !!! Si les ascenseurs se remettent en route, il va…
-Unité 2, je répète : surveillez l’étage.
-L’unité 2 est au 78e.
-Mais… ?
-Je suis parti seul.
Un silence. Il n’avait toujours pas bougé de la cage d’ascenseur. Lentement, il observa le couloir à gauche, puis à droite. Aucune trace. Mais, lorsque son regard se posa sur le sol, il vit un chargeur vide, sur sa droite.
-Vous êtes dingue ! Vous savez que vous n’avez aucun protection ni tir de couverture ! Remontez immé…
Sans un mot, Jefferson cliqua sur le bouton de sa radio, à la hauteur de son épaule, et s’avança dans le couloir. Une porte était ouverte. Et il perçut une respiration. Faible. Très faible. Sans un mot, il tourna dans l’encadrement de la porte, arme levée, et observa la pièce en un clin d’œil. Un mouvement. Nom de Dieu, un mouvement, derrière le canapé !!! Son doigt pressa six fois la détente, trouant le canapé de cuir de parts et d’autres. Puis le silence revint. Un silence pesant, presque effrayant. Lentement, Jefferson s’avança en direction du canapé, puis braqua ce qui aurait dû se trouver derrière, inerte et baignant dans son sang. Un chien, la bouche ouverte, gémissant, ses poils ensanglantés plaqués sur son petit corps.
-What the fuck ?
Il se retourna, son arme baissée, et n’eut pas le temps de voir la crosse du M4 lui arriver dans le visage.

Ding !
-Ah, les voilà, fit Forthy sans un sourire alors que l’unité 1 entrait, morose, dans le rez-de-chaussée. Toutes mes sincères condoléances pour vous coéquipiers. Maintenant, mettez-vous en position !
Les hommes grognèrent, puis commencèrent à sécuriser les entrées. Le regard de Lenny James, un café à la main, se posa sur chaque soldat qui lui passait devant ; il observait leurs insignes et leurs noms avec grande attention. Johnson, Tornado, Waser, Jeffe…
-Bien, d’accord, fit Forthy en hochant la tête, parlant dans sa radio. Lenny, l’unité 2 vient de faire une découverte. Le corps de leur chef, en caleçon, à l’étage 62…
Même si Forthy était petit et dénué de charme, il n’en était pas moins insensible à la peur. Mais ce jour-là, les yeux exorbités de Lenny James, son coup plus tendu que celui d’une girafe et la puissance destructrice avec laquelle sa voix articula ces quelques mots ne put que le faire frémir.
-SON NOM !!!
Un frisson parcourut l’échine du policier, qui lui répondit d’une voix qu’il tenta de garder neutre :
-Jefferson.
En moins de deux secondes, le molosse avait sorti et pointé son arme en direction du soldat d’élite le plus proche.
-PERSONNE NE BOUGE ! PERSONNE ! Forthy, allez vérifier tous vos hommes. Braquez-les, n’hésitez pas à leur coller une balle dans la cuisse pour tout comportement suspect.
-Mais… ce sont nos hommes !
-Qu’importe ! Vérifiez-les tous ! Toi, avance.
L’homme s’avança. Tornado.
-TOI ! Fit-il en en braquant un autre. Avance !
Johnson. Puis Waser. Du côté de Forthy, tout était vérifié : aucun intrus. James avait la mâchoire plus que serrée, si bien que certaines de ses dents craquèrent. Il lui était passé à moins de trente centimètres, il avait dû le regarder derrière ses lunettes sans un sourire. A moins de trente centimètres…Alors que le cri de rage du molosse emplissait le rez-de-chaussée, Jefferson se réveillait en se massant le nez au 62e étage. Ses habits, quant à eux, étaient déjà dans une poubelle, quelque part entre lui et le building de Dougall.

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